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mercredi 11 février 2009

Des nouvelles du sénateur Leterme

"Mais que devient donc Yves Leterme ?" : telle est la question que la Belgique entière se pose depuis la dernière démission en date de celui qui est désormais notre ex-Premier ministre. On aurait pu penser que, tel Achille après qu'Agamemnon lui avait ravi Briséis, il s'était retiré sous sa tente yproise, puisqu'il est conseiller communal de la cité drapière de Flandre occidentale depuis 1995. Mais c'eût été là un comportement fort peu respectueux pour les 796521 électeurs qui l'ont porté en triomphe en juin 2007. C'est pourquoi cet ancien auditeur adjoint à la Cour des comptes a donc tout naturellement retrouvé son siège de sénateur, lequel avait été gardé par un suppléant depuis le 21 décembre 2007, lorsqu'Yves était enfin entré au gouvernement fédéral, en tant que vice-Premier ministre et ministre du Budget, de la Mobilité et des Réformes institutionnelles. Mais depuis lors, c'était le silence complet.

Il faut dire que ce n'était pas simple, pour Yves : le Sénat, c'est tout nouveau pour lui, jusqu'à présent, il n'avait connu que le Conseil communal d'Ypres, la Chambre des représentants, le gouvernement flamand et ce satané gouvernement fédéral où rien n'a marché comme prévu. Il a donc dû trouver ses marques, d'autant plus qu'il n'est qu'un simple sénateur de la majorité, lui qui dans ses dernières années de parlementaire était chef de groupe ou même carrément président du parti. Fort heureusement, il a fini par se réveiller, en déposant le 29 janvier dernier avec d'autres de ses collègues du CD&V une proposition de résolution relative à la lutte contre la traite des êtres humains. Et visiblement ça a dû lui plaire puisqu'il a récidivé le 3 février avec une proposition de résolution relative à l'instauration d'un système de planification de la carrière. Ces deux propositions ont été prises en considération et envoyées en commission le 5 février et surfant sur la vague de ce premier succès, il a remis le couvert dès le lendemain avec ses nouveaux camarades de classe Nahima Lanjri et Dirk Claes : à eux trois, ils ont déposé une proposition de résolution visant à étendre le régime du tiers payant social. Qu'on se le dise, le sénateur Leterme s'est mis au travail !

Evidemment, des propositions de résolution, c'est bien joli, mais ça fait figure de zakouskis. On aimerait bien une vraie bonne petite proposition de loi de derrière les fagots en guise de plat de résistance. Cela dit, ce qui serait vraiment intéressant, ce serait une question à un membre du gouvernement, de préférence orale plutôt qu'écrite. Affaire à suivre, donc.

vendredi 6 février 2009

On se chambre à la Chambre

Jeudi après-midi, c'était jour de séance plénière à la Chambre des représentants. A première vue, c'est pas très rigolo, quand on sait qu'on peut y croiser 17 élus du Vlaams Belang, 7 de la Nieuw Vlaams Alliantie, 5 de la Lijst Dedecker et même un du Front national. Mais quand on regarde bien l'ordre du jour, on se dit qu'on va peut-être rire, car plusieurs de nos honorables représentants ont des questions à poser au vice-Premier ministre et ministre des Finances et des Réformes institutionnelles, lequel est universellemet reconnu en Belgique pour son humour grinçant au vitriol. Et quand on sait qu'en plus il est en guerre permanente contre les socialistes pour cause d'élections régionales prochaines, il ne pouvait pas décemment manquer d'épingler à son tableau de chasse Guy Coëme, qui est de retour dans l'hémicycle depuis les élections de juin 2007, après avoir purgé sa peine suite à la célèbre affaire des hélicoptères Agusta. Celui qui est aussi bourgmestre de Waremme et grand-officier de l'ordre de Léopold a donc interrogé le ministre sur les mécanismes destinés à lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment d'argent en Belgique, lequel ministre a glissé ceci dans sa réponse, l'air de rien :

"C'est vrai que nous avons été confrontés ces dernières années à pas mal de problèmes de grande corruption notamment liés à l'attribution des marchés publics. Je me rallie tout à fait aux idées de M. Coëme concernant la grande corruption et les marchés publics."

Les mauvaises langues affirment qu'un bruit d'hélicoptère s'est fait entendre, mais cela ne figure pas dans le compte rendu de la séance. Plus prosaïquement, on peut une fois de plus vérifier que ce sont les anciens braconniers qui font les meilleurs gardes-chasse. On peut voir aussi que le duel entre le PS et le MR se poursuit jusqu'à la Chambre des représentants, qui pourtant est sensée n'avoir aucun rapport avec les élections régionales, d'autant plus que les deux partis sont membres du gouvernement. Cela dit, soyons honnêtes : que celle ou celui qui n'aurait pas profité de l'occasion pour saisir la perche jette la première pierre.

mardi 3 février 2009

Au bon vieux temps de jadis

A toutes celles et tous ceux qui se disent que c'était mieux avant en pestant contre les retards et les conditions de transport dans les trains, je recommande la lecture de cet article intitulé Luxe de prévenances !, qui fut publié dans le Courrier de Philippeville du 15 août 1936. Bien sûr, les trams vicinaux ne sont pas les trains que nous connaissons, et le trajet entre Olloy-sur-Viroin et Oignies-en-Thiérache n'a rien à voir avec la ligne Bruxelles-Luxembourg, mais tout de même, ça vous la peine d'y jeter un oeil.

Le Congrès Eucharistique de Oignies fut un triomphe et pour le Christ et pour la paroisse de Oignies. Nulle part encore dans la contrée, ont déclaré de nombreux participants, on n'avait vu pareil luxe de décors, pareil déploiement de zèle et pareil goût pour le pavoisement. Ajoutez à cela que toute la préparation du Congrès s'est faite outre tout espoir de beau temps. Honneur donc aux paroissiens de Oignies ! D'autres diront plus au long leur mérite et leur succès.
Mais ce qui détonna et ne fut vraiment pas à la hauteur de sa tâche en la circonstance fut l'Administration des Chemins de fer vicinaux. Longtemps les congressistes garderont mémoire - oh ! un fort joyeux souvenir ! - de leur voyage en tram aller-retour Olloy-Oignies le 9 Aout de l'an de grâces 1936. Ce fut épique et burlesque ! N'étaient la malpropreté des chars mis à leur disposition, l'acreté de la fumée des locomotives dont ils furent sursaturés, n'était aussi l'incommodité des wagons à bestiaux ou à charbon où ils étaient entassés, tous les voyageurs auraient, sitôt rentrés chez eux, écrits en alexandrins du beau siècle le récit des étapes et péripéties du voyage. Imagine-t-on ? En plein vingtième siècle, alors que déjà il avait un retard de 40 minutes, la direction vicinale dut faire stationner pendant plus de 20 minutes le convoi, arrivé aux deux tiers de sa course. Et pourquoi ? Afin de donner faculté au contrôleur de percevoir le prix des billets. Il n'est de fait pas facile d'insérer encore un contrôleur avec son attirail dans un wagon où déjà l'on étouffe d'être serré !
Il y eut plus et mieux encore. Les messieurs, qui avaient laissé monter d'abord les enfants et les dames, ne s'entendirent-ils pas inviter à prendre place sur un wagon à charbon, nettoyé il y avait eu deux ans à l'intentions des congressistes.
Notez que toutes ces prévenances furent le fait d'une administration prévenue depuis deux mois, assurée du contingent de voyageurs, et qui déjà avait reçu des leçons demeurées fameuses dans la mémoire des habitants de la région. - (Le Brûly !)
Qui pourtant à jamais assuré aux administrations du rail de grasses recettes ? L'expérience ici encore n'a-t-elle pas parlé bien haut. Mais il est des humains que l'histoire n'instruit pas.
On parle de la concurrence du rail et de la route. Et bien vive le pneu !